Photo du colonel Makanika après sa défection de FARDC
Pour des raisons énumérées ci-dessous, moi Col Michel Rukunda «Makanika» ai décidé de quitter mon poste au sein des FARDC et de rejoindre la lutte pour la survie des civils Banyamulenge résidant sur les Hauts Plateaux du Sud-Kivu, qui ont été complètement abandonnés par leur gouvernement pendant qu’ils sont victimes de massacres à caractère génocidaire dans l’indifférence totale de leur gouvernement ainsi que de la communauté internationale.
1. Les attaques systématiques depuis Mars 2017 dirigées contre des membres de la communauté Banyamulenge vivant dans les hautes terres d’Itombwe-Minembwe, et qui se poursuivent en ce moment, suivent un schéma spécifique: tuer des personnes innocentes, incendier leurs maisons, détruire leurs champs et leurs pâturages aux fins de les exterminer.
2. Ces attaques ont lieu dans une région où l’armée régulière congolaise et la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) sont déployées, mais ils n’affichent aucune volonté d’empêcher ou d’arrêter les atrocités en cours. Cette situation a déclenché une crise humanitaire extrême dans ce coin reculé de la RDC; une tragédie humanitaire sans précédent et quasiment non rapportée. De multiples appels au secours ont été lancés, mais se sont hélas butés à un silence complet et une indifférence générale tant nationale et qu’internationale.
- 3. A ce jour, plus de 200 villages ont été incendiés de Bijombo à Minembwe via Itombwe et Kamombo. On compte en conséquence plus de 120,000 personnes déplacées internes. Des écoles et des établissements de santé ont été totalement décimés (sauf quelques-uns dans le centre de Minembwe où la funeste coalition n’a pas encore imposé sa loi); la population locale, principalement des éleveurs de bétail, est appauvrie du fait que plus de 125,000 vaches ont été tuées ou razziées par les assaillants. Toute la communauté Banyamulenge déplacée de ses villages est actuellement concentrée dans quelques villages du centre de Minembwe en attendant leur sort.
4. Les civils non armés sont victimes d’attaques de la coalition de plusieurs milices Maï Maï, dont celles dirigées par le généraux autoproclamés Amuri William Yakutumba, Mupekanya, le général Ebuela, Aochi et Mulumba, presque tous déserteurs des FARDC. Leur rhétorique se base sur l’épuration ethnique avec des aspirations manifestes de gommer les Banyamulenge de la carte de la RDC.
Cette violence continue d’exacerber l’insécurité physique et économique dans la région. Les attaques décrites se déroulent dans le contexte d’une autorité étatique faible, d’une transition politique complexe et instable, de l’inaction et de la complicité des FARDC ainsi que de l’indifférence apparente du plus grand déploiement international des forces de maintien de la paix au monde, en l’occurrence la MONUSCO.
5. Le leadership de notre pays a complètement failli dans son mandat de protection de ses citoyens contre les brutalités et les pillages. Fort malheureusement, des politiciens très connus, qui sacrifient la paix sociale et la cohésion nationale à l’autel d’une popularité sinistre, ont contribué à soutenir et à alimenter des tensions en distillant le venin de la haine ethnique à travers leurs discours publics sans ambigüité. Il en va de même de certains officiers de l’armée congolaise qui n’ont pas hésité à porter main forte et à soutenir ouvertement la milice Maï Maï, en lui fournissant la logistique nécessaire et en menant des opérations conjointes et complices avec elle.
Dans de nombreux cas, des attaques ont eu lieu à 1 ou 2 kms du déploiement des FARDC sans que ces dernières osassent venir au secours des pauvres civils attaqués, comme si une peine capitale avait d’ores et déjà été prononcée, par contumace, à l’encontre de cette communauté et dont l’exécution de la sentence devait être réalisée par la coalition Maï Maï sous la supervision et l’aide directe des FARDC.
Mon intention n’est pas de déclencher une nouvelle guerre dans notre contrée qui a déjà été longtemps dévastée par des conflits armés à répétition.
Je n’ai donc pas décidé de déclencher une guerre contre le gouvernement congolais ou tout autre gouvernement comme c’est largement diffusé par différents médias peu informés, mal informés, ou délibérément rangés qui ne font que me prêter des intentions. Je ne rejoins pas non plus le groupe Gumino comme beaucoup l’ont proclamé. Ceux qui connaissent mon passé se souviendront que j’ai joué un rôle important pour convaincre les rebelles à déposer les armes et d’être intégré dans l’armée nationale. Ma décision de faire défection de cette armée et de m’associer aux civils victimes d’atrocités doit être interprétée comme une voie de dernier recours après avoir essayé de plaider, en vain, la cause de la paix auprès ma hiérarchie, et après avoir réalisé que mes appels n’étaient en fait qu’un bruit dissonant dans les oreilles de personnalités avec d’autres agendas.
Que ma décision soit comprise comme le résultat d’un échec systématique et d’un manque de volonté politique du Gouvernement congolais ainsi que de l’absence du dévouement de la part des FARDC à mettre fin à la crise en cours et à protéger les civils vulnérables ainsi que leurs biens.
Je suis prêt à mourir avec mon peuple dans cette démarche de résistance aux milices soutenues par des groupes rebelles étrangers (Red Tabara, FNL et FOREBU)* afin de les empêcher ainsi d’atteindre leur objectif ultime de nettoyer ma communauté de la carte de la RDC. Je ne saurais continuer à jouir des avantages liés à mon grade et à ma fonction dans une armée qui a notoirement échoué sa mission.
J’ai ainsi décidé de me ranger du côté des civils dans l’espoir que mon expérience militaire leur offrira des compétences tactiques et un savoir-faire ad hoc pour se protéger et protéger leurs biens. C’est ma mission depuis que j’ai rejoint l’armée et elle le demeure encore aujourd’hui.
Tout en me rangeant du côté de ma communauté et en l’aidant à se protéger, j’invite tous les autres patriotes de toutes les communautés locales, spécialement nos voisins (Wabembe, Wafuliro,et Wanyindu) qui sont partisan de la paix à se rassembler et à chercher des voies et moyens pour restaurer une paix durable pour notre région. Gardons à l’esprit combien nous avons perdu, a quel point nous sommes divisés et comment la tendance actuelle présage d’un avenir incertain pour nos enfants.
Je vous rappelle également que, jusqu’à présent, ma communauté n’a jamais attaqué un seul village de communautés voisines et n’a mené aucune opération offensive contre les communautés voisines depuis le déclenchement des hostilités en 2017.
Depuis 3 ans, nous sommes sur la défensive, mais cette situation ne saurait perdurer indéfiniment; prenez cela comme un appel à la paix.
Si une leçon devait être tirée de l’histoire de notre grand continent et de sa lutte pour
l’indépendance, c’est que le désir de liberté ne connaît ni nationalité ni groupe ethnique; elle n’est le monopole d’aucun groupe de personnes, mais plutôt une aspiration universelle qui bat dans chaque cœur.
Ma communauté n’en fait pas exception!
Que Dieu bénisse la République démocratique du Congo
Col. Michel Rukunda Makanika.
Réaction d’ Amka Congo
Pour le collectif des mouvements citoyens réunis au sein de Amka Congo c’est une déclaration tendancieuse et non sens au moment où les efforts sont fournis par les autorités du pays et que la sous région s’implique pour la paix et l’intégration régionale, seule gage du processus de paix.
Amka Congo denonce le silence de la CIRGL qui laisse à désirer et qu’il suit de prêt cette question qu’il qualifie déstabilisatrice et honteuse.
Amka Congo pense que les relations entre le président de la RDC et le Président rwandais portent à croire que personne ne peut s’aventurer dans la zone et que les ennemies dans la sous région doivent subir les mêmes sorts.
Ce collectif indique que, le Rwanda doit fournir et collaborer en matière de renseignements pour mettre hors d’état de nuire toute menace d’où qu’elle proviendrait et encourage les jeunes banyamulenge qui comprennent qu’ils ne doivent encore une fois se faire manipuler par certains leaders qui n’agit que pour alimenter leur santé politique.
Il encourage les « Gumino » qui refusent de se joindre à lui et les jeunes « bakenya » et « Android » qui pour le moment rejettent aussi cette nouvelle aventure.
Amka Congo appelle la population à barrer la route à toute aventure et l’informe qu’il s’agit d’une affaire d’un individu qui s’appelle Rushunda Michel alias Makanika et non celle d’une communauté qui n’a rien à voir avec cette aventure.
Signalons le constat sur place fait état de non acceptation de ce colonel par la communauté Banyamulenge dont il prétend défendre.