Le manque de consensus dans la désignation des animateurs de la commission électorale nationale indépendante CENI continu à susciter des réactions au sein de la classe politique en république démocratique du Congo. Pour le regroupement politique le centre, « sans consens, le du chaos est inévitable » dans le pays.
Dans sa déclaration signée à Bruxelles en Belgique par son président Germain Kambinga Katomba et lue devant la presse à Kinshasa par son vice-président Yves Kisombe, le regroupement politique « le centre » insiste qu’il faut éviter de planter aujourd’hui les germes des convulsions sociales et sécuritaires de demain. Pour ce faire, nous devons éviter l’enracinement d’une forme de Démocratie nauséeuse. Fidèle à son premier appel solennel, le centre réitère l’impératif pour le Président de la République de tendre la main à ses adversaires politiques pour rassembler la nation car l’autre voie serait celle de la division de la nation et de la condamnation de la sérénité dont la RDC aura besoin au sortir du processus électoral de 2023 pour amorcer son décollage économique et social
« La classe politique et la société civile n’ont pas réussi à trouver le consensus tant souhaité autour de la désignation des animateurs de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) jusqu’à leur entérinement contesté, et leur récente investiture par le Président de la République Félix TSHISEKEDI. Ce déchirement caractérise également la démarche à suivre pour parvenir à opérer les réformes électorales préalables à la tenue d’un scrutin répondant aux exigences d’exclusivité et de transparence. Si ces questions sont fondamentales, en ce qu’elles soulèvent la problématique de la crédibilité du scrutin à venir, elles éludent pourtant une autre, tout aussi fondamentale voir cruciale à savoir, celle du respect du calendrier constitutionnel qui fixe le délai d’organisation de cette élection à décembre 2023. » Constate le centre.
Et d’ajouter
Pourtant, l’expérience de la dernière partie du second mandat du président honoraire Joseph KABILA nous enseigne que le fantôme du glissement plane encore sur le ciel congolais. Et, pour nombre d’acteurs politiques, il serait bien dommage, peut-être même incompréhensible, que l’actuel pouvoir, hier fervent défenseur du strict respect de la Constitution, ne reproduise ce même schéma. Cependant, s’il faut sans doute œuvrer à éviter ce glissement, il nous faut néanmoins apprécier la situation avec lucidité, froideur et objectivité.
Or, qu’est-ce que la réalité politico-institutionnelle de notre pays donne à voir ? Que bien que déplorable et non souhaitable, le glissement du calendrier électoral apparaît comme une possibilité que nous ne pouvons pas encore écarter définitivement de notre réalité prospective car nous voyons bien que la désignation des 12 membres sur 15 de la CENI sur fond d’accusations de corruption, de menaces et d’instrumentalisation politique parmi les représentants des confessions religieuses comme au sein des forces politiques, et leur entérinement tout aussi mouvementée par l’assemblée nationale, suivie de leur investiture par le Président de la République conformément à ses prérogatives constitutionnelles, mais sans néanmoins écarter la probabilité d’une crise politique dont la lutte contre le sous-développement se passerait bien.
L’opposition institutionnelle a contesté de façon spartiate cette opération au sein de l’hémicycle pendant que l’opposition non institutionnelle quant à elle chauffait les foules dans la perspective d’un assaut final projeté sous peu selon elle. De plus, une formation politique majeure de l’actuelle coalition au pouvoir, à savoir Ensemble pour le République, occupe depuis hier l’attention de l’opinion après la fin de non-recevoir réservée à sa demande au chef de l’Etat de ne pas procéder dans ces conditions à l’investiture des douze membres sur quinze de la CENI.
Face à cette situation de crise et considérant la tendance des différents camps à s’arc-bouter sur des positions radicales, le blocage politique du processus devient de plus en plus évident.
En effet, une élection sans opposition est toujours un danger, car elle est mère de pouvoir sans légitimité et condamne ce dernier à courir et à s’expliquer au lieu de travailler pour le développement du pays.
A côté des aléas politiques il faut également avoir à l’esprit les contraintes techniques inhérentes à l’organisation d’un processus électoral en RDC, pays continent, combinées avec les blocages actuels observés dans le chef des parties prenantes (majorité, opposition, société civile), la tenue des élections en 2023 selon des règles acceptables par tous et dans les délais constitutionnels relèverait de la gageure, à défaut de s’apparenter à une chimère !
Notre pays se retrouve donc face aux choix cornélien suivant : FONCER à tout prix, c’est le point de vue des partisans extrémistes du pouvoir en place ou DISCUTER et peut être perdre du temps, c’est ce que pense sous cape une autre opinion consciente du risque que fait courir à la RDC l’allure prise par l’actuel processus.
La mise en place de la CENI et des règles électorales acceptables par tous
En RDC, chaque nouveau cycle électoral donne généralement lieu à des ajustements et des reformes tant de la CENI que de la loi électorale. Cette pratique, presque désormais coutumière, est dictée, semble-t-il, par la volonté de corriger les faiblesses relevées dans l’organisation du précédent cycle électoral. Bien généralement les maux dénoncés sont la fraude réelle ou supposée, comme cela été le cas à la présidentielle et aux législatives de 2018, et la corruption qui a marqué les scrutins indirects (élections sénatoriales, élections des gouverneurs des provinces) organisés en mars et avril 2019.
L’on se souviendra en effet que, les résultats provisoires de la CENI, confirmés par la suite par la Cour Constitutionnelle et qui donnaient Félix TSHISEKEDI vainqueur de la présidentielle de 2018 avec 38,57% des voix, continuent d’être contestées par Martin FAYULU qui se considère toujours comme le « Président élu » et refuse toute légitimité à l’actuel Chef de l’Etat.
De même, les résultats officiels des élections législatives, sénatoriales et provinciales continuent de faire l’objet de défiance et de suspicions de la part de certains acteurs politiques et de la société civile. D’un autre côté, il nous faut nous interroger sur la problématique des réformes de la loi électorale qui divise également l’opinion.
La problématique de l’inclusivité
Selon ce regroupement politique une autre question importante qui s’annonce comme un nuage épais sur le prochain cycle électoral est, sans le moindre doute, celle de la participation de toutes les forces politiques les plus représentatives de la NATION.
Il me semble hasardeux, voire dangereux et suicidaire, d’imaginer la réussite du prochain cycle électoral sans garder à l’esprit la particularité de ce pays aux dimensions continentales et dont la mosaïque d’ethnies avoisine le nombre de 450 au total.
Il est donc impératif que pour l’élection de 2023, nous nous gardions de reproduire les conditions qui ont conduit à l’exclusion en 2018, de deux prétendants sérieux à la Présidence de la République : le leader du MLC Jean pierre BEMBA, et le président d’Ensemble pour la République.
De ce fait, l’aventure envisagée par l’immixtion dans le débat politique d’une proposition de loi relative à la « congolité », ainsi que les procédures judiciaires lancées contre certains acteurs de premier rang de la scène politique (Vital KAMERHE, MATATA) ou en latence, pendant comme une épée de Damoclès pour dissuader tous ceux qui de l’ancien régime, pourraient exprimer une ambition présidentielle, apparaissent comme de sérieux coups portés à la primordiale inclusivité des élections, gage le plus sûr de l’unité et de la stabilité du pays.
Cela est d’autant plus vrai qu’il s’observe à l’heure actuelle, une montée en puissance sans précédent du tribalisme et du régionalisme, et que l’adversité politique laisse peu à peu place à la division. Il faut se le dire très franchement, lorsque ni même la guerre et les problèmes sociaux ne sont plus un facteur d’unité entre les congolais, c’est que la NATION est en péril !
La fragilité institutionnelle actuelle
De ce qui précède, il apparaît que l’organisation des élections de 2023 dans le respect des délais constitutionnels s’apparente à la résolution d’une équation à tellement d’inconnues qu’il ne semble pas réaliste de la concevoir avec chaque camps enfermé dans sa tour d’ivoire. En effet, à moins de se résoudre à se lancer dans une nouvelle aventure qui sera sans doute une copie encore plus mauvaise des trois précédents cycles électoraux teintés de soupçons de fraude généralisée, de corruption et d’exclusion, il nous sera difficile, dans ce délai, d’organiser sans un consensus globale ,des élections pouvant nous permettre d’asseoir définitivement l’unité et la stabilité de notre pays, car :
« Il nous est impossible sans consensus global, dans ces délais, d’organiser un processus électoral crédible, apaisé et inclusif et dont les résultats seraient, pour une fois, acceptés par tous les congolais comme le souhaite l’opinion nationale et internationale ;
ll nous est impossible sans un consensus global, en même temps de tenir les délais constitutionnels de décembre 2023 et satisfaire aux préalables importants soulevés par une part importante de la classe politique et que sont, la réforme de la CENI, l’audit de gestion de l’ancien Bureau de la CENI et la désignation consensuelle des nouveaux animateurs ; Il nous est impossible de tenir sans un consensus global, les délais constitutionnels de décembre 2023 en tenant compte de l’exigence de réviser le fichier électoral afin d’y intégrer les jeunes majeurs étant donné que cette opération d’une durée minimale de 15 mois n’a à ce jour aucune ressource dédiée; Il nous est impossible sans un consensus global de tenir les délais constitutionnels de décembre 2023, lorsque certains posent comme préalable le recensement général de la population. » poursuit LE CENTRE
Dieudonné BUHENDWA