Quelques jours après la signature à Washington de l’accord de Paix entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda les réactions ne cessent de surgir. Dans une tribune partagée à infordc.com ce vendredi 04 juillet2025, l’acteur politique Gaston TULINABO affirme que ce geste diplomatique, s’il est suivi d’actes concrets, pourrait inaugurer une ère nouvelle de cohabitation pacifique entre deux peuples frères.
Ci-dessous l’intégrité de sa tribune
Alors que la région des Grands Lacs est marquée depuis trois décennies par une instabilité chronique, un tournant semble amorcé : la République Démocratique du Congo et le Rwanda viennent de signer un accord de paix facilité par l’administration américaine, sous l’impulsion du président Donald Trump Lonardo. Ce geste diplomatique, s’il est suivi d’actes concrets, pourrait inaugurer une ère nouvelle de cohabitation pacifique entre deux peuples frères, longtemps opposés par des guerres de prédation et des manipulations historiques.
Mais au-delà de l’euphorie de façade, cet accord met à nu des vérités stratégiques, réveille des tensions internes, et exige une vigilance constante quant aux tentatives de sabotage venues de l’intérieur comme de l’extérieur.
1. Une victoire diplomatique et un aveu géopolitique du Rwanda
L’intérêt principal de cet accord, du point de vue congolais, est d’avoir arraché une reconnaissance implicite voire explicite du Rwanda comme violeur de la souveraineté congolaise. Pendant trop longtemps, Kigali a nié son implication directe dans les conflits du Kivu, malgré les multiples rapports de l’ONU, des ONG et d’analystes indépendants.
La signature de cet accord représente un aveu stratégique. Elle constitue une brèche diplomatique dans la forteresse du mensonge régional. C’est une victoire pour la vérité historique, qui confirme que Goma, Nyiragongo, Rutshuru, Masisi, Kalehe, Bukavu, Walungu, Idjwi et toute la frange orientale du Congo n’ont jamais cessé d’appartenir à la République Démocratique du Congo, malgré les campagnes d’occupation et les falsifications narratives.
2. Le devoir de repentance du Rwanda : réformer l’éducation pour éviter de futurs conflits
Le ministre rwandais de l’Éducation nationale est appelé à un acte de courage historique : corriger les programmes scolaires et académiques de son pays. L’histoire enseignée au Rwanda a souvent présenté une image déformée du Congo et de ses frontières, alimentant chez certains jeunes rwandais des prétentions sur des territoires qui ne leur ont jamais appartenu.
Un discours de vérité, adressé au peuple rwandais, est indispensable. Il ne s’agit pas d’humiliation mais de maturité politique : reconnaître les erreurs du passé et présenter des excuses officielles renforcerait la paix bien plus que tous les accords signés sous pression.
3. Enjeux internes en RDC : entre trahisons, enrichissement sur la guerre et résistances au changement
Paradoxalement, ce pas vers la paix ne réjouit pas tous les acteurs congolais. Certains politiciens véreux, ayant instrumentalisé les groupes armés dits « Wazalendo » à des fins personnelles, voient dans cet accord la fin de leur manne financière.
De même, des officiers militaires congolais impliqués dans des opérations fictives ou prolongées artificiellement sous prétexte de neutraliser des ennemis « insaisissables » souhaitent relancer des affrontements pour pérenniser les fonds d’opérations. Ce double-jeu dangereux compromet la paix et trahit la nation.
L’annonce du Général Muhoozi, homme fort du régime rwandais, d’engager des opérations mixtes avec les FARDC contre les Wazalendo révèle cette manipulation : les véritables patriotes congolais sont confondus avec des groupes fictifs inventés par des stratèges corrompus.
4. Avertissement aux militaires rwandais sur le sol congolais : le temps du repli est venu
Le message à adresser aux soldats rwandais présents illégalement en RDC est clair :
> « La politique mange ses propres enfants. Si votre propre président signe un accord de paix, pourquoi mourriez-vous encore sur le sol d’autrui ? »
La guerre est terminée, et rester en RDC aujourd’hui pour le Rwanda, c’est mourir pour une cause désormais orpheline. Les soldats rwandais doivent refuser de servir des intérêts personnels de Nanga ou de son maître idéologique. Ils doivent se retirer avec dignité et éviter une humiliation militaire inutile.
5. Message au Général Muhoozi : les Wazalendo sont un patrimoine national
Le Général Muhoozi doit comprendre que les Wazalendo patriotes congolais, volontaires et non liés à une logique étatique de prédation ne sont ni des milices anarchiques ni des criminels. Ils représentent l’expression d’un peuple qui s’est levé pour défendre sa terre quand les institutions étaient défaillantes.
En les visant, le Rwanda prend le risque d’allumer une nouvelle guerre de résistance populaire. Le respect des Wazalendo comme force patriotique et dernier rempart pour la protection de l’intégrité territoriale de la RDC, est une condition sine qua non à une paix durable.
Conclusion
Ce moment historique entre la RDC et le Rwanda peut être l’amorce d’un nouveau contrat de coexistence régionale, mais il exige :
La transparence dans les engagements ;
La purge des profiteurs de la guerre au sein de la classe politique et militaire congolaise ;
Le retrait immédiat de toute force étrangère illégalement présente sur le sol congolais ;
Une réconciliation éducative et culturelle de part et d’autre.
La paix n’est pas un mot, elle est une décision politique, un acte stratégique, et une responsabilité morale.
Le peuple congolais, et particulièrement sa jeunesse, ne doit plus jamais être sacrifié pour les intérêts d’une minorité avide de pouvoir ou d’argent.